Alors que Stéphane Hessel se positionne sur le plan du positivisme et de l’envie de rendre le monde meilleur par la critique du monde actuel, la plupart des critiques ne se focalisent que sur la forme du livre (!) ou sur des micro-problèmes. C’est assez désolant de voir cette critique trop terre-à-terre pour être atteinte par l’œuvre qu’est Indignez-vous !. On leur parle de la Sécurité sociale comme un moyen d’assurer à tous un accès aux soins et on nous répond par… l’effort excessif demandé pour remplir un imprimé de ladite Sécu. On leur énonce la liberté de la presse et on nous parle d’hégémonie de la parole officielle, chose absolument indépendante justement du fait de cette liberté de la presse.

Une critique fréquente et absolument infondée est qu’on reproche à Stéphane Hessel de ne s’indigner que du sort des Palestiniens, mais pas des Africains, ni du sida, de la famine, du dérèglement climatique, de la corruption, du fait que les voisins font trop de bruit ou que les chiens font des crottes sur les trottoirs. P* ! Si chacun commençait déjà par faire sa part de travail dans la prise en compte collective des problèmes et par s’investir dans les très nombreuses associations ou organismes qui œuvrent justement à améliorer le monde ou à mieux le faire tourner, au lieu de de se pseudo-indigner que Stéphane Hessel n’est pas assez sur-homme pour s’indigner de toutes les causes. Pour ma part (mais je n’en tiendrai pas rigueur à Stéphane Hessel de ne pas l’avoir mentionné), ça me révolte de voir des gens lâcher ce genre de com’ et de ne rien faire à côté pour améliorer ledit monde.

Il y a également l’ultime critique à 2 balles (anciens francs) : Stéphane Hessel nous parle du temps révolu de l’après-guerre. J’ai plutôt le sentiment que les gens qui disent ça ont lu trop vite et n’ont pas réfléchi à ce qu’ils lisaient. Stéphane Hessel parle bien sûr de l’après-guerre, sujet qu’il maîtrise parfaitement, mais surtout pour mieux critiquer les dérives et excès de la société actuelle, et il me semble complètement ancré dans le présent (d’ailleurs, comment un (ancien) ambassadeur pourrait ne pas l’être). En poussant un peu plus loin, on pourrait presque dire que la Sécu a plutôt bien fonctionné par rapport au reste. À une critique comme « De quelle exigence sociale le respect exigé des tabous alimentaires qui n’ont jamais eu cours en France ? » (J’y crois pas !, p. 26), on pourrait simplement répondre « l’ouverture au changement, et accessoirement au respect des autres cultures ».

Pour finir, puisque tout le monde semble d’accord sur le fait qu’il faut s’indigner dans le monde actuel, je propose ci-après une petite liste de sujets qui ne demandent qu’à être étudiés urgemment : la sauvegarde de l’environnement, l’étude des scénarios de changement climatique et de politique énergétique, l’encouragement à l’ouverture entre sociétés humaines, la préservation et la dissémination des cultures du monde, l’encouragement à l’instruction et à la recherche, la lutte contre la corruption et les excès du capitalisme, la promotion de la démocratie et du dialogue et en particulier la neutralité de l’internet, la promotion de la culture libre. Je m’arrête là, même s’il y a probablement des manques (vous pouvez m’en indiquer en commentaires). Pour résumer, on pourrait citer Frédéric Couchet dans sa conférence TEDx : « Et ce que je veux vous souhaiter à tous aujourd’hui, à chacun d’entre vous, c’est de trouver si ce n’est déjà fait, votre ikigaï. ». Et à ceux qui ont passé le stade de l’indignation, le stade suivant est : Bougez-vous !